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Intelligence artificielle (IA) : opportunité ou risque pour la SST ?

Au-delà de la robotique déjà bien implantée au sein de nombreuses entreprises, l’intelligence artificielle commence à pénétrer les différents secteurs d’activités.

Opportunités, limites et risques : cette technologie suscite questions et inquiétudes tout en ouvrant de nouvelles perspectives pour les acteurs de la santé et de la sécurité au travail.

L’intelligence artificielle a connu ses premiers développements dans les années 50 avec l’émergence de l’informatique, ses performances ont été accrues avec une forte accélération à partir de 2010 et son usage inonde le monde avec Chatgpt depuis 2020. Le développement rapide de la technologie et de ses usages pose la question de la place de l’homme à côté de l’IA.

UN ASSISTANT PLUTÔT QU’UN REMPLAÇANT

Il faut comprendre que l’IA est avant tout un logiciel qui a appris de l’homme, qui continue à apprendre si elle est corrigée quand elle se trompe. L’humain a donc logiquement toute sa place pour utiliser l’IA comme un assistant et se décharger des tâches répétitives ou rébarbatives. L’humain reste le garant des décisions et la technologie apprend de lui.

L’IA avec la caméra ouvre un autre sujet d’inquiétude : le contrôle et la surveillance de masse. La technologie est suffisamment mature et déjà déployée en Chine continentale. En Europe, deux garde-fous sont en place pour accompagner ces usages de masse : les lois et réglementations qui encadrent fortement l’usage de ces technologies et la culture politique de protection des droits des citoyens. L’Europe investit pour voir émerger des usages sociétaux de la technologie, encadrés et respectueux de tous. Encadrée dans les développements et les usages, l’IA est là pour assister, aider, et rendre plus efficace l’humain.

Le Service de santé au travail (SST) assisté par l’IA peut acquérir deux nouvelles compétences : expliquer et calibrer les IA pour qu’elles apprennent, et analyser les résultats des décisions pour accompagner les équipes sur les actions prioritaires à mettre en place.

IA ET SST : QUELLES APPLICATIONS ?

La robotique intègre de plus en plus d’IA pour décider sur des tâches très répétitives et pénibles. Les métiers évoluent, il est donc très important d’accompagner les personnes déjà en poste pour appréhender et faciliter ces changements. Ces évolutions sont beaucoup plus fortes pour les cadres que pour les ouvriers, de par la nature des compétences mobilisées. L’IA peut aujourd’hui rédiger cet article-ci avec l’expertise d’une personne comme moi. Ces automatisations rédactionnelles sont déjà courantes en informatique pour réécrire du code logiciel, assisté par l’IA : moins de bug, plus de sécurité.

Retenons que ces IA ont besoin de données pour apprendre mais aussi d’experts pour préciser les règles de décision. Le Service de santé au travail (SST) assisté par l’IA peut donc acquérir deux nouvelles compétences : expliquer et calibrer les IA pour qu’elles apprennent, et analyser les résultats des décisions pour accompagner les équipes sur les actions prioritaires à mettre en place.

Il faut accompagner les entreprises pour sensibiliser les salariés à ces sujets, ainsi qu’aux enjeux et aux changements en cours, avec des formations à différents niveaux, des analyses de problématique et des expérimentations d’usages. L’objectif est de circonscrire et lever les inquiétudes et d’aider à comprendre l’avenir avec ces IA.

Ces deux visuels proviennent d’une IA générative, donnant ainsi un aperçu des possibilités offertes par cette technologie – © leonardo.ai

LE RÔLE DU MANAGER

Le manager a un rôle clé dans cet accompagnement afin d’assurer une adoption des outils. Qui souhaite voir automatiser les tâches qu’il préfère dans son travail ? Faire disparaître ses expertises ? Ces questions paraissent naïves, voire stupides, mais en voulant mettre de l’IA en technophile maximaliste, nous pouvons oublier que la technologie est d’abord et avant tout là pour résoudre un problème.

L’entreprise Kooping, a notamment conçu des ateliers de sensibilisation à l’IA pour tous, mais également une formation pour la direction, ainsi qu’une formation à l’IA au service de la QHSE. Il a également été conçu une solution permettant de gérer le risque en quantifiant automatiquement les actions dangereuses. Ceci permet de piloter un site à l’aide d’outils de mesure qui explicitent aux travailleurs, aux QHSE et aux directions les niveaux de risques, sur quoi, où et quand, mais sans le qui. Cette solution exploite des caméras pour mesurer le port des EPI, le respect des procédures, les coactivités, le marquage au sol pour réduire les taux de fréquence des accidents de travail, le floutage des personnes dans les images transmises rend cette donnée inaccessible. Le travailleur ne peut en aucun cas être « fliqué ». Les outils sont créés à l’image de ce que nous souhaitons : faire disparaître les accidents de travail des travailleurs, aider les syndicats à accompagner les salariés, aider les entreprises à créer de bonnes conditions de travail dans un environnement productif et sécurisé.

Une aide à la transition technologique

L’Etat met à disposition plus de 2,2 milliards d’euros pour aider les PME et ETI à intégrer l’IA avec des subventions allant jusqu’à 80 %. Cette opportunité doit permettre d’accélérer la transition technologique, renforcer la compétitivité, tout en prenant soin des collaborateurs.

Texte : Marc Décombas

Titulaire d’un doctorat Télécom Paris Tech et Thales, Marc Décombas se spécialise dans les IA de vision pour la vidéo protection et a développé une ambition : rendre l’IA accessible à tous. Il a déposé un brevet internationalisé et a occupé deux postes de responsable des partenariats, au Canada puis en Belgique. Il a accompagné quatre entreprises à intégrer l’IA. En 2016, il fonde Watiz, une startup dans la mode pour refonder en 2019, deux sociétés : JustAI qui accompagne sur l’IA, Kooping pour maîtriser les risques d’accidents de travail avec l’IA.

Nicolas Lefebvre

Journaliste dans la presse économique depuis 2002, il publie également un livre d’investigation aux éditions de l’Archipel en 2010. Secouriste bénévole, sauveteur aquatique et moniteur de premiers secours entre 2004 et 2018, il consacre sa maîtrise d’Histoire contemporaine à l’institutionnalisation du secourisme au sortir de la seconde guerre mondiale.En 2011, il fonde Oxygène Editions afin de publier Secours Mag, puis en 2017, SST Mag. Il assure aujourd’hui la rédaction en chef de ces deux titres de presse professionnelle.

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