Livreurs de repas : le danger au menu
Les travailleurs qui livrent des repas à vélo pour le compte de plateformes de mise en relation s’exposent à des risques particuliers sans bénéficier pour autant de mesures de prévention, alerte l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES)
Circuler dans les rues à vélo pour livrer des repas présente un risque d’accident mais l’exposition des livreurs n’est pas celle des autres cyclistes, nous apprend l’ANSES. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail vient en effet de rendre un rapport d’expertise collective et un avis sur ce secteur dont la particularité tient à l’organisation du travail.
Les livreurs, souvent des étrangers en situation irrégulière, dépendent des plateformes qui déterminent leurs conditions de travail et de rémunération. Elles poussent ainsi à produire davantage, de plus en plus rapidement, tout en exacerbant la concurrence entre livreurs. « La pratique du vélo et le travail en extérieur en milieu urbain, dans le modèle économique et les modalités d’organisation du travail imposées par les plateformes (statut d’indépendant, mode et niveau de rémunération), peuvent manifestement entraîner des effets néfastes sur la santé physique et mentale », note l’ANSES. Une situation qu’aggrave le « management algorithmique », un système d’attribution automatique des missions dans lequel le livreur n’établit aucun contact humain avec son donneur d’ordres.
Dès lors, le tableau des risques auxquels s’exposent les livreurs s’allonge. A chaque trajet ils peuvent être victimes d’une collision, d’une chute mais aussi développer des troubles musculo-squelettiques en raison d’une mauvaise ergonomie à vélo. A moyen terme, leur activité a des conséquences sur leur santé mentale. Ils subissent du Stress, de la fatigue et de l’épuisement imputables aux notifications que les plateformes leur envoient, ainsi que de l’isolement. A plus long terme enfin, les horaires atypiques et l’environnement (bruit urbain, pollution…) finissent par occasionner des troubles du sommeil, du métabolisme, respiratoires ou encore cardio-vasculaires.