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Débat – Qualité de vie au travail : peut-on manager sans stresser ?

Un stress trop élevé peut entrainer de graves conséquences comme des troubles du sommeil, des troubles musculo-squelettiques (TMS), un burn-out, une dépression ou une détresse psychologique. Des études se sont penchées sur l’état psychologique des salariés au travail, incluant le facteur du stress. Qu’en est-il pour les managers ? Peu de chiffres sont disponibles sur le sujet. Pourtant, les dirigeants sont les premiers exposés à l’épuisement et au stress intense au sein d’une entreprise. Une étude réalisée par Opinion Way en 2021 révèle que les salariés qui affichent le plus fort taux de détresse psychologique sont les managers, à hauteur de 52 %. Est-il possible de manager sans stresser ? Le stress est-il vecteur de performance, ou bien un frein à l’efficacité ? Comment réussir à gérer son stress tout en dirigeant une équipe ?

Lisa Begouin

Le danger est de s’isoler

Gaël Chatelain-Berry

Gaël Chatelain-Berry, écrivain, conférencier et chroniqueur, créateur du concept du management bienveillant

Il est possible de manager sans stresser mais cela dépend de son propre management. Lors d’une conférence que j’animais, j’ai posé la question : « qui est manager ? » Des mains se sont levées. J’ai ensuite demandé : « qui est managé ? » Les premières mains se sont baissées pour laisser place à d’autres personnes. Les managers étaient dans l’erreur : ils ont tendance à oublier qu’ils sont aussi managés. Le stress positif n’existe pas selon moi. Dans un ancien travail, j’avais un président très cool. J’étais stressé car je n’avais pas atteint mes objectifs de fin de trimestre. Il m’a simplement dit : « il n’y a pas de drame. Il faut comprendre, analyser pourquoi les objectifs n’ont pas été atteints pour s’améliorer la prochaine fois. » Résultat : mon niveau de stress a chuté car mon manager a opté pour la compréhension et non la répression. Il faut aussi relativiser l’importance de nos métiers dans nos vies en mettant le travail à sa juste place. A l’époque de mes parents, le travail primait presque sur la vie personnelle. Je fais partie de la première génération qui a connu le chômage de masse. L’équilibre vie professionnelle / vie personnelle est fondamental. J’ai hâte de voir la génération actuelle occuper des postes de managers. Dans les plus petites entreprises, TPE, PME, le dirigeant ou la dirigeante a le sentiment de jouer sa vie tous les jours. Son entreprise est sa création. La gestion du stress est plus complexe que dans des grandes entreprises où tout ne repose pas sur une personne. Pour apprendre à en parler, à gérer son stress, il existe des associations d’entreprises. Ce sont des centres pour jeunes dirigeants. Le plus dangereux pour un manager est de s’isoler. A mon sens, ne pas parler et garder son stress et ses angoisses relève d’un travers masculin. Evoquer son stress relèverait d’un aveu de faiblesse pour certains managers. Or, pour savoir le gérer et mieux l’appréhender il faut en parler. Une autre personne pourra en effet donner une autre vision des choses, un nouvel angle au problème…

Avoir confiance en son équipe

Hervé Charles Léger

Hervé Charles Léger, fondateur de Performance RH

La capacité à gérer le stress de manière constructive est un atout essentiel pour maintenir un équilibre entre performance et bien-être. L’humain a besoin de stress… mais pas d’un stress qui paralyse. Quand je monte sur scène pour une conférence par exemple, je ressens une montée d’adrénaline. C’est du bon stress qui donne un surplus d’énergie. Le premier élément à travailler lorsque nous sommes en situation de stress est la confiance en soi. Un « manager sans stress » commence par développer une solide confiance en soi. Pour cela, il faut prendre conscience de ses échecs, mais surtout de ses réussites. S’appuyer sur ses réussites est l’un des fondements de la confiance en soi. Le manager doit également savoir s’appuyer sur ses collaborateurs, car l’apprentissage et la croissance sont des processus collectifs. La gestion du stress au travail ne relève pas uniquement de la responsabilité individuelle, mais aussi de la responsabilité collective. Il faut instaurer un environnement de travail sain, travailler sur la confiance et le bien-être au travail. Cette stratégie collective permet de prévenir le surmenage et le burn-out, donc le stress à outrance. Un bon manager réussit à transformer la pression en performance, en énergie positive. Il doit être un catalyseur. Cela nécessite un investissement dans la confiance et le bien-être au sein de l’équipe. Il est essentiel de reconnaître que le rôle de manager est bien plus qu’une simple promotion. C’est un métier à part entière qui nécessite une formation et un encadrement. Les managers doivent comprendre que les réponses ne sont pas toujours fournies, mais qu’elles résident en chacun de nous. Les échecs sont des opportunités d’apprentissage précieuses. La communication est un pilier fondamental, et les managers doivent être capables de donner des retours constructifs, accompagnés d’un plan d’action. Demander à être accompagné, ce n’est pas de la faiblesse, au contraire. Il faut pouvoir se dire « je ne sais pas mais je saurai ».

Le débat du n°29 portera sur « La semaine de 4 jours : un progrès pour la SST ? »

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