Alerte à la contamination chimique pour les cires d’apiculture
Dans les ruches, la cire utilisée pour construire les alvéoles contient des contaminants chimiques. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) alerte sur la provenance des cires en l’absence de cadre réglementaire.
Une présence « de nombreux contaminants chimiques. » Tel est le constat d’une expertise de l’Anses qui concerne le secteur de l’apiculture. Il s’agit plus précisément des feuilles de cires gaufrées. Les apiculteurs les placent sur les cadres qu’ils glissent verticalement à l’intérieur des ruches pour aider les abeilles à construire leurs alvéoles. Or cette cire est souvent contaminée. « Il s’agit de résidus de biocides, produits phytopharmaceutiques, médicaments vétérinaires et éléments traces métalliques, qui sont d’origine environnementale ou apicole (lutte contre l’acarien parasite Varroa destructor) », note l’agence. Dans 40 % des cires commercialisées, les experts ont trouvé des pyréthrinoïdes (un produit utilisé comme insecticide). Dans plus de la moitié des cas, la présence combinée de pipéronyl butoxide accroît la menace pesant sur la santé des abeilles.
Manque de traçabilité
En l’absence de réglementation, les niveaux de contamination dépendent de l’origine des cires. Celles provenant de l’Union européenne ou d’autres pays étrangers sont souvent plus impactées que celles produites en France. A l’inverse, les cires les moins contaminées sont celles que les apiculteurs réutilisent en vase clos où celles fabriquées par les abeilles pour clore leurs alvéoles. Cependant, tout processus de refonte de la cire peut y maintenir des traces de substances chimiques contaminantes. Par exemple, lorsqu’il y a eu des traitements destinés à protéger les abeilles contre le varroa, un acarien qui affaiblit les colonies.
Par ailleurs, l’Anses a trouvé des traces de paraffine dans 70 % des échantillons, un produit qu’utilisent parfois les producteurs pour réduire le coût de la cire. En outre, dans 4 % des cires analysées, les experts ont détecté de l’acide stéarique, toxique pour le couvain.
Des recommandations
L’Anses préconise une réglementation qui établirait un seuil toxicologique pour la cire d’abeille (interdisant son usage). Elle réclame également une traçabilité des cires vendues et un agrément des ciriers. Ces derniers sont d’ores et déjà invités à indiquer la provenance géographique de la cire et sa composition lorsqu’il s’agit d’un mélange. En ce qui concerne les apiculteurs, l’Anses recommande de recycler leur propre cire, au besoin en se regroupant. A défaut, il convient de privilégier des cires produites en France. Quant aux médicaments, l’agence renvoie aux bonnes pratiques de l’Institut technique et scientifique de l’apiculture et de la pollinisation (ITSAP). Elle recommande également l’emploi de médicaments hydrophiles, qui paraissent les moins susceptibles de s’accumuler dans la cire.

