Le CESE alerte sur la sécurité des livreurs
Dans le cadre de ses travaux en cours sur la précarité du travail et de l’emploi, le Conseil économique social et environnemental (CESE) a mis en évidence une vulnérabilité des livreurs employés par les plateformes, qu’il s’agisse de la reconnaissance de leurs droits, de leur exposition aux accidents ou de leur souffrance au travail.
Depuis le 4 mars dernier, les rapporteurs Jean-Marc Boivin et Saïd Hammouche poursuivent leurs auditions dans le cadre de la mission dont ils ont été saisis, intitulée « Précarité du travail et de l’emploi : une politique d’inclusion économique pour renforcer la cohésion sociale et territoriale. » Ces deux membres du Conseil économique social et environnemental (CESE) ont récemment interrogé plusieurs experts à propos de la situation des livreurs employés par les plateformes et leur constat apparaît alarmant.
Chargé de recherches à l’Institut national démographique (Ined), Marwân-al-Qays Bousmah évoque une enquête réalisée entre janvier et juillet 2025 à Paris et Bordeaux, auprès d’un millier de livreurs. Résultat : un risque important d’accident avec blessure mais également à des troubles urogénitaux pour ceux qui exercent à vélo. En outre, ces travailleurs subissent de la dépression et de l’anxiété ainsi qu’une exposition aux discriminations.
Un constat que corroborent les équipes de terrain de Médecins du monde qui ont observé « des retentissements importants à la fois sur leur santé physique et avec par exemple des troubles musculo-squelettiques, des accidents, mais aussi sur leur santé mentale liée à la pression induite par les algorithmes des plateformes », appuie Séverine Beyer, référente santé environnement de cette association.
Protéger les livreurs
Le constat paraît d’autant plus accablant que ces livreurs bénéficient d’une faible protection sociale en cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle. Coordinateur de projets de la Maison des livreurs de Bordeaux, Jonathan L’Utile Chevalier dénonce « une situation où tout est possible, tout est permis », à l’origine de souffrances physiques et psychologiques chez « des personnes qui souffrent au travail en l’absence de tout cadre et de toute régulation de l’activité des plateformes. » Certes, la France doit transposer une directive européenne encadrant ce secteur mais d’ici décembre 2026. En attendant, « les plateformes n’ont aucune obligation vis-à-vis d’eux de protection, de prévention, d’information. Donc on est vraiment avec des travailleurs qui sont dans une situation de Far West », conclut-il.