Édito n°30
Le travail, c’est la santé ?
Une véritable épidémie sévit dans l’Hexagone. Grippe ? Gastroentérite ? Mpox ? Non, l’accidentologie au travail ! Chaque jour sont enregistrés 1500 accidents, 120 maladies professionnelles et deux décès. 37 % des actifs occupés déclareraient même ne pas se sentir capables de soutenir leur travail jusqu’à la retraite selon une
enquête de la Dares publiée en mars 2023.
Pour cette épidémie silencieuse, dont l’incidence demeure à un niveau dramatiquement élevé, pas de vaccin disponible. Autre solution : l’abstinence peut-être ? Même pas. Les travailleurs au chômage subissent en effet du stress, s’éloignent de l’accès aux soins, s’alimentent plus mal et sont sujets à la dépression. Une situation qui entraînerait, selon l’Inserm, une surmortalité de… 300 % !
Alors, avant de décréter « zones dangereuses » les lieux de travail, peut-être pourrions-nous faire porter la contrainte sur ceux qui organisent le travail ? Trop tard, la loi le prévoit déjà depuis des années… Et c’est à l’inspection du travail qu’il revient de la faire respecter. Sauf que cette profession est en crise. S’il y avait encore douze candidats pour un poste en 2015, il n’y en avait plus que deux par poste en 2022. Dans le même temps, les effectifs ont été réduits de 15 % et, de façon mathématique, le taux de vacance est passé de 15 à 18 %. Même à l’inspection du travail, la précarisation de l’emploi gagne du terrain avec le recourt aux contractuels, catégorie qui représentait 5 % des effectifs en 2015 contre 10 % en 2021. Idem pour les apprentis qui sont passés de 16 à 97 sur la même période.
Reste la prévention qu’il faut continuer à promouvoir encore et toujours en impliquant tous les étages de la fusée. Nous revenons largement dans ce numéro sur les mesures de prévention à mettre en place face aux nuisances sonores, cette torture ordinaire susceptible de provoquer, à terme, des pathologies cardio-vasculaires (hypertension, infarctus, AVC) et des troubles cognitifs (manque d’attention, sommeil perturbé…). Des mesures qui, nous l’espérons, ne seront pas passées sous silence.
Nicolas Lefebvre