Les pesticides s’insinuent durablement dans l’air et la poussière des logements
Bien qu’interdits, certains pesticides demeurent présents dans les logements. L’Observatoire de la qualité des environnements intérieurs les a détectés dans l’air et les poussières. En l’absence d’évaluation des effets de cette exposition, le nettoyage des surfaces constitue la meilleure protection.
Jamais la concentration en pesticides dans l’air et les poussières domestiques n’avait été quantifiée à une si large échelle. Entre novembre 2020 et février 2023, l’étude Pestiloge a passé au crible 571 logements répartis dans 321 communes et 84 départements. L’Observatoire de la qualité des environnements intérieurs (OQEI) a ainsi recherché la présence de 81 pesticides dans l’air et de 92 dans les poussières. Son ciblage se fonde sur les travaux de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).
Quelques pesticides encore bien présents dans l’air
Résultat de cette étude : un nombre, certes réduit, de pesticides n’a pas disparu malgré leur interdiction. Dans plus de la moitié des logements, l’OQEI a détecté la présence dans l’air de trois insecticides (lindane, transfluthrine, la perméthrine) et de deux insectifuges (le DEET ou N,N- diéthyl-m-toluamide et l’icaridine). En outre, l’étude mentionne la présence dans plus de 60 % des logements d’un fongicide, le folpel. Quant à l’herbicide chlorprophame, il s’invite dans 70 % des domiciles.
Dans certaines habitations, l’OQEI a enregistré des concentrations importantes (supérieures à 10 ng/m3) de DEET, d’icaridine ou de lindane. Cependant, l’étude souligne qu’« en l’absence de valeurs de référence ou de seuils réglementaires, il n’est pas possible de dire si l’exposition à ces concentrations représente ou non un risque pour la santé des occupants. »
De fortes contaminations des poussières
Dans les poussières, 13 pesticides se retrouvent dans 90 % des logements. Il s’agit de 5 fongicides (le boscalid, le dicloran, le difénoconazole, le propiconazole, et le tébuconazole), de 4 insecticides (l’acétamipride, la cyperméthrine, l’imidaclopride, et la perméthrine), de 2 herbicides (le glyphosate et le terbutryne) et de 2 répulsifs d’insecte (le DEET et l’icaridine). En outre, dans plus de la moitié des logements, les poussières véhiculent du fipronil, du lindane, du pyriproxyfène et de la transfluthrine.
Les concentrations apparaissent importantes : de 100 ng/m³ jusqu’à dix fois plus pour le glyphosate (notamment dans les habitations à proximité des zones cultivées), la perméthrine et le butoxyde de pipéronyle (PBO). Là encore, l’OQEI note qu’« il n’existe pas aujourd’hui de valeurs de référence permettant de savoir si ces niveaux représentent un risque pour la santé des occupants. La prudence commande toutefois de nettoyer régulièrement les surfaces et d’aspirer les poussières pour limiter la persistance de ces substances dans le logement. L’OQEI invite également à maintenir une vigilance en présence de vieux meubles ou de charpentes en bois car ils ont pu être traités par des produits biocides aujourd’hui interdits.

