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L’Anses pointe un cumul de risques professionnels chez les agents de nettoyage


Dans un récent avis, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a examiné les risques professionnels des agents de nettoyage. Elle alerte sur une multi-exposition et une sinistralité préoccupantes mais également sur les pratiques de ce secteur.

Le temps serait-il venu de faire un grand ménage dans les pratiques des entreprises de nettoyage ? La question mérite d’être posée à la lecture de l’avis que l’Anses vient de rendre sur le sujet. Les experts s’alarment en effet d’« une forte sinistralité qui se traduit par un état de santé dégradé des agents du nettoyage. » Dans ce secteur, la fréquence d’accident et leur gravité s’avèrent particulièrement élevés. Quant aux maladies professionnelles, leur taux est le double de celui de l’ensemble des secteurs. Il en va de même des licenciements pour inaptitude.

En tête des risques professionnels, les troubles musculo-squelettiques résultent notamment de l’intensité du travail. Les agents de nettoyage s’exposent également à des agents chimiques. Ils occasionnent principalement de l’asthme et des dermatites. Et les salariés développent parfois des troubles de la santé mentale. Mais ce tableau clinique n’est pas exhaustif. L’Anses soupçonne l’existence d’un lien de causalité entre l’exercice de ces métiers et d’autres pathologies peu étudiées, telles que « la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), les rhinites, les cancers de la vessie, du poumon, de la tête et du cou, les leucémies, les maladies cardiovasculaires. »

Des rapports professionnels déséquilibrés

Si le constat apparaît aussi lourd, c’est par la conjonction de deux types de vulnérabilités. D’une part, les agents qui exercent ce métier sont, aux trois quarts, des femmes souvent âgées (45 ans, en moyenne) eu égard aux contraintes à supporter. En outre, elles travaillent souvent à temps partiel avec des horaires fragmentés, ce qui leur impose des emplois du temps épuisants (d’autant plus lorsqu’elles cumulent plusieurs emplois par nécessité économique).

D’autre part, le contexte de travail se caractérise par un recours massif à la sous-traitance (entre 30 et 40%) et il s’exécute sur le site du donneur d’ordre alors que la santé au travail reste une responsabilité de l’employeur et que la coordination fait souvent défaut. L’Anses pointe également les dérives d’un secteur : sous-traitance mal encadrée (parfois à la limite du prêt de main d’œuvre), irrespect des heures supplémentaires, convention collective qui transfère les agents d’un employeur à l’autre lorsque les contrats changent de titulaire, contestation par les entreprises des cotisations AT-MP devant les juridictions, mesures de prévention insuffisantes ou inadaptées… Dans ces conditions, il apparaît difficile pour les salariés,isolés et dont 20 % sont d’origine étrangère, de faire entendre leur voix. L’Anses évoque même une tendance à la sous-déclaration des maladies professionnelles. Son avis se conclut par des recommandations. Sans surprise, la plupart vise à mieux encadrer la sous-traitance et à faire respecter les droits dont devraient bénéficier les salariés.

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