RPS : des signalements et des suites encore insuffisants dans les entreprises
En donnant la parole aux salariés, d’un côté, et aux employeurs, de l’autre, le cabinet BDO France constate l’importance prise par les risques psycho-sociaux au travail. Cependant, les deux parties ne portent pas le même regard sur ces risques. Quant aux salariés en souffrance, ils osent rarement aborder le sujet au sein de leur entreprise.
Voilà un chiffre qui ne surprendra personne : 59 % des salariés déclarent avoir été déjà confrontés à des risques psycho-sociaux (RPS) au travail. Parmi les 1 010 ayant répondu à OpinionWay, en mai et juin 2025, pour le 10ème baromètre de la gestion ds accidents du travail et des maladies professionnelles du cabinet de conseil BDO France, 32 % ont été les victimes de RPS et 34 % les témoins. Pour 54 % des salariés, les RPS ont pour origine une charge de travail excessive, pour 48 % un manque de reconnaissance et pour 45 % enfin, des relations toxiques ou dégradées.
Ce qui interroge, en revanche, c’est le peu de suite donnée à ces constats. Seulement 26 % des salariés concernés ont effectué un signalement. Une perception qui diffère de celle des 300 décideurs RH, qui ont également répondu à OpinionWay. A leurs yeux, 62 % des salariés confrontés aux RPS les signaleraient.
La loi du silence prévaut
Au delà de ce décalage, il importe – pour que la prévention progresse -, de comprendre pourquoi un quart seulement des salariés ose s’exprimer. L’étude de BDO France envoie une pierre dans le jardin des employeurs : 60 % des salariés expliquent leur non signalement par l’absence de confidentialité, 42 % en raison d’un manque de connaissances de la procédure et 34 % par une peur des conséquences professionnelles. D’ailleurs, les trois quarts des victimes en arrêt suite à des RPS ne les déclarent pas comme maladie professionnelle, par manque d’information ou parce qu’ils ne croient pas à cette reconnaissance.
Pourtant le sujet est bien celui du travail et il renvoie les employeurs à leur obligation de protection des salariés. Parfois jusque devant les tribunaux, puisque BDO France a dénombré 2 % d’entreprises ayant déjà été confrontées à une action en reconnaissance de faute inexcusable liée aux RPS.
Des actions pas à la hauteur
Enfin, au-delà du risque juridique, se pose la question de la qualité du traitement des RPS. Certes 54 % des signalements ont suscité une action de l’entreprise. Cependant, cette réponse ponctuelle ne suffit pas. 55 % des salariés jugent en effet insuffisantes les actions de leur entreprise contre les RPS (contre 83 % pour les employeurs). 38 % affirment que leur entreprise dispose d’un plan de prévention de ces risques (contre 61 % de l’avis des employeurs). Surtout, 43 % des managers s’estiment suffisamment formés pour gérer les RPS, alors que 24 % seulement des salariés partagent cet avis.

