Édito n°34
Plus dure sera la chute
Alors que nous bouclons ce numéro consacré aux risques de chute, la voix nasillarde du lecteur CD de ma fille – fin prête pour sa rentrée des classes – attire mon attention. « Un couvreur dit à un autre : je suis tombé d’une échelle de 15 mètres ! Tu t’es fait mal ? Non, j’étais sur le premier barreau ». Une blague de Zoé de la collection « J’aime lire »…
Cette « blague » interpelle. Le ressort comique provient bien sûr de la notion contestée de hauteur. Notion qu’il nous faut précisément discuter. Si l’on retient la définition de l’INRS les chutes de plain-pied sont des « glissades, trébuchements, faux-pas et autres pertes d’équilibre sur une surface plane », mais cela intègre les trottoirs et petites marches. Sans connaître la hauteur du premier barreau de l’échelle de notre couvreur, nous pouvons affirmer clairement qu’il n’y a pas de chute sans risque. 100 000 chutes de plain-pied sont ainsi recensées chaque année. Elles représentent même la 2e cause d’accident du travail en France avec au moins quatre jours d’arrêt… Loin d’être bénignes, ces chutes peuvent en effet occasionner de graves lésions et entraîner des incapacités permanentes, voire des décès.
Il existe pourtant de nombreuses mesures collectives et individuelles de prévention qui devraient être appliquées dans toutes les structures, des plus grosses aux plus petites (lire notre cahier des experts pages 16 à 29).
Le matériel aussi progresse, notamment grâce à la sécurité intégrée. Une expérience utilisateur qui exclut l’emploi d’un dispositif sans sécurité associée. Un peu comme si votre voiture ne pouvait pas démarrer sans que la ceinture de sécurité ne soit correctement enclenchée.
Espérons que le couvreur des blagues de Zoé se porte bien, mais aussi et surtout que la perception du danger représenté par les chutes de plain-pied progressera encore un peu plus grâce à ce numéro dédié.
Nicolas Lefebvre

